La corrida, sport ou massacre ?

S’il est bien une activité qui provoque des débats enflammés, c’est bien la corrida. Véritable spectacle pour les uns, massacre organisé pour les autres, il est difficile de rester indifférent devant cette variation du thème de l’homme contre l’animal. Pourtant, la corrida perd du terrain en France comme en Espagne et subit régulièrement les foudres d’associations qui luttent activement contre cette pratique. L’occasion de nous poser la question du bien-fondé de la corrida, sous nos latitudes comme ailleurs.

 

Le déroulement d’une corrida

Originaire d’Espagne, la corrida est une pratique très codifiée qui fait intervenir plusieurs acteurs, à commencer par le taureau lui-même. Dans les faits, une corrida traditionnelle suit un déroulement en trois parties : le sorteo qui répartit les taureaux entre les matadors, le paseo qui consiste en un défilé des différents acteurs (matadors, peones, picadors…) et enfin la lidia, le combat.

Passons les deux premières étapes qui répondent d’une tradition très particulière avec ses codes que seuls les aficionados semblent être en mesure d’apprécier et tournons vers le cœur du spectacle, le duel entre l’homme et l’animal. Ce face-à-face suit également un protocole très précis qui distingue trois étapes, les tercios.

Le premier de ces tercios est bien connu puisqu’il s’agit du moment où le torero effectue des passes avec sa cape afin d’exciter le taureau qui le charge. Ici, l’affrontement se traduit en une série de charges qui sont (normalement) esquivées par le torero. Très vite apparaissent les premiers sévices envers l’animal puisque les picadors à cheval piquent le taureau avec une lance de bois terminée d’une pointe d’acier afin de l’affaiblir et d’endommager les ligaments de son cou et modifier le port de tête. Dès le premier tercio, le « viril » matador cherche à prendre l’avantage sur son adversaire ; difficile de parler de sport dans ces conditions.

Le second tercio fait intervenir les banderilles qui sont posées généralement par les peones ou banderilleros qui assistent le torero. Il arrive parfois qu’un jeune torero se charge lui-même de cette étape. Là encore, il s’agit bien entendu de piquer le corps du taureau avant le dernier acte. Il est même possible, si le taureau fait montre de peu de « courage » de le marquer de banderilles noires censées représenter l’infamie de l’animal qui ne sait à priori toujours pas ce qu’il fait ici.

Enfin, le dernier tercio consiste en la mise à mort du taureau blessé et fatigué. Le matador échange tout d’abord sa cape contre une muleta, étoffe rouge bien connue, qu’il agite avant d’opérer une esquive jusqu’à ce que le public ne se lasse. Alors vient l’estocade qui vient achever les tourments du taureau. Enfin, achever n’est pas toujours le mot : il est fréquent que le coup ne soit pas fatal, obligeant le matador à porter un second coup qui fera s’effondrer l’animal avant qu’un peon ne vienne lui porter le coup de grâce. Et quand bien même le taureau ne serait pas abattu durant la corrida, il sera achevé à l’abri des regards sous prétexte qu’il risquerait de comprendre qu’il lui faut viser l’homme plutôt que l’étoffe.

Logo de l'Alliance Anticorrida

L’action anti-corrida

Difficile au regard des faits de considérer la corrida comme un sport qui mettrait aux prises l’homme et la bête. Tout est fait pour que le matador dispose d’un avantage indéniable : il est entouré d’une équipe qui l’aide à affaiblir le taureau et la pauvre bête doit découvrir par elle-même ce qu’on attend d’elle.

On comprend facilement la multiplication des actions d’opposition à la corrida malgré l’attachement des aficionados à cette tradition. En France, l’Alliance Anticorrida représente dignement cette lutte en menant des actions à plusieurs niveaux (sur le terrain, en justice ou auprès des marques qui font l’apologie de la corrida). N’hésitez pas à consulter la liste des victoires remportées par l’association en  ou à rejoindre les différentes actions menées.