Baisse du nombre de fumeurs : quel rôle pour la e-cigarette ?

Dans l’intense communication effectuée par le gouvernement au début du mois pour saluer une baisse historique du nombre de fumeurs en France (-1,6 million entre 2016 et 2018), il n’est nulle part question de la montée en puissance de la cigarette électronique et des substituts à la cigarette au cours de la même période. Un silence qui démontre que les pouvoirs publics sont encore mal à l’aise dans leur rapport à la réduction des risques.

Le nombre de fumeurs réguliers a baissé en France de manière historique entre 2016 et 2018. Avec 1,6 million de fumeurs en moins, c’est une reculée inédite dans l’histoire de la lutte contre le tabagisme. Et pourtant, les mesure agressives prises par le gouvernement d’Edouard Philippe (qui doivent culminer avec le paquet à 10 euros) n’étaient pas encore mises en œuvre et ne sauraient expliquer ce phénomène.

En revanche, l’apparition sur le marché de substituts à la cigarette, en particulier les cigarettes électroniques, mais aussi le tabac à chauffer ou le snuff, est totalement concomitante à cette baisse record du nombre de fumeurs, et représente la seule explication rationnelle à la décrue du tabagisme (à moins de considérer que les mêmes recettes de prévention qui ne fonctionnaient pas jusqu’à présent sont devenues terriblement efficaces).

Si on manque encore de recul quant à la dangerosité réelle à long-terme des substituts à la cigarette, il existe néanmoins un consensus pour admettre qu’il s’agit d’alternatives moins nocives que la cigarette. Les autorités sanitaires britanniques ont ainsi évalué que le tabac à chauffer (où le tabac est chauffé pour produire de la vapeur, mais n’entre pas en combustion) émet 95% de substances toxiques en moins que la cigarette traditionnelle.

Selon les tenants d’une approche dite de réduction des risques, la lutte contre le tabagisme (comme d’autres pratiques à risque) doit être basée sur le pragmatisme et la recherche de solutions de consommation moins dangereuses pour les utilisateurs, plutôt que d’opter pour une approche binaire entre usage et sevrage. La plupart des professionnels de santé plébiscitent une telle approche, qui fait toutefois face à des crispations politiques, les décideurs ayant peur d’apparaître trop laxistes.