Coupe du monde 2022 au Qatar : oui ou non ?

Doha, capitale du Qatar, devrait abriter 6 stades lors de la Coupe du monde 2022

Le 2 décembre 2010, la nouvelle fait figure de bombe dans le monde du football : le Qatar, un pays sans aucune culture du football, organisera la 22e édition de la Coupe du monde de football en 2022. Aussitôt, les voix s’élèvent contre ce choix très étonnant, certains criant à la corruption, d’autres à l’impossibilité de maintenir la compétition en été. Quatre ans plus tard, la situation est toujours aussi compliquée, en témoignent les propos récents de Theo Zwanziger, membre du comité exécutif de la FIFA. Alors, cette Coupe du monde, on la joue au Qatar ou pas ?

 

Le Qatar dans la tourmente

Quand la FIFA a officialisé avoir confié l’organisation de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, c’est peu dire que les voix se sont élevées. En effet, à peine l’annonce tombée, journalistes et experts ont tôt fait de crier au scandale, soulevant plusieurs points qui ne sont toujours pas résolus aujourd’hui.

Tout d’abord, le choix du Qatar comme pays organisateur aura fait s’élever les voix qui accusent le pays de corruption. En effet, comment expliquer qu’un État de 2 millions d’habitants, qui n’a jamais réussi à se qualifier pour une seule phase finale de Coupe du monde et classée à la 96e position du classement FIFA puisse obtenir l’organisation d’un tel événement ? En particulier, le journal France Football a dévoilé une réunion secrète à l’Elysée quelques jours avant la tenue du vote : Nicolas Sarkozy y aurait rencontré le prince du Qatar avec comme enjeu le rachat du PSG, la création de BeIn sport et des investissements en France contre la voix de la France en faveur du Qatar.

Autre point qui rappelle un peu le traitement de l’attribution des Jeux olympiques à la Chine : la gestion des droits de l’homme. Là encore, de graves entorses sont constatées régulièrement, avec un afflux massif d’ouvriers étrangers et l’obligation de sponsoring qui amène même des Français à se voir confisquer leur passeport en échange d’un travail.

Dernier point qui fait hésiter la FIFA : la chaleur. La Coupe du monde s’est toujours tenue en été, hors l’été au Qatar est particulièrement éprouvant. Les dirigeants du pays affirment contrer ce défaut en climatisant les stades mais le point laisse de nombreux experts dubitatifs. L’autre possibilité est de décaler le tournoi en hiver, mais cela obligerait un remaniement de tous les championnats majeurs, en Europe particulièrement.

Logo de la Coupe du monde 2022 au Qatar

 

Vers une annulation ?

Forcément, le Qatar et sa politique impérialiste se sont fait beaucoup d’ennemis qui voudraient voir le pays annuler l’organisation de cette Coupe du monde qui gêne tant. En tête de ces opposants, on trouve les Etats-Unis qui voulaient eux aussi organiser le tournoi et pourraient ainsi récupérer le gros lot, les stades étant déjà quasiment prêts.

Mais il faut bien reconnaître qu’une annulation par un autre pouvoir que l’organisation du Qatar serait surprenant : ce serait une première qui jetterait un discrédit total sur la FIFA puisque celle-ci devrait revenir sur sa propre décision.

Pire, la Russie s’oppose totalement à une annulation car elle en serait la victime collatérale : l’attribution de l’édition 2018 à la Russie s’est tenue le même jour, or annuler le scrutin pour 2022 reviendrait à annuler le vote qui a donné raison aux russes. Au vu de la politique actuelle de la Russie, qui cherche à améliorer son image par le sport, il est impensable de les voir accepter de prendre un tel risque.

Reste donc la possibilité du renoncement par les Qataris eux-mêmes mais là encore, cela semble improbable : le pays a déjà investi d’énormes sommes dans la construction de stades gigantesques et chaque jour qui passe rapproche du point de non-retour, si bien qu’il n’ait pas déjà été atteint. Et puis, le pays souffre déjà d’une image déplorable sur le plan international et ne changerait pas grand-chose à sa situation en revenant en arrière.